CRITIQUE



Issue de parents italiens, Danièle Bernini vit le jour à Toulon au moment où l’Europe était en plein conflit mondial. Manifestant des dons précoces pour le dessin et la peinture, elle allait, dès l’école primaire, être encouragée dans cette voie où elle excellait. Les années de lycée confirmeront ses dispositions artistiques saluées par de nombreux prix de dessin. Au cours de ses études supérieures, qu’elle allait entreprendre à Grenoble, elle s’inscrivit au cours du soir de l’Ecole des Beaux-Arts. Cette attirance irrésistible pour les arts plastiques ne devait plus guère la quitter.
Les sujets qu’aborde la peinture de Danièle Bernini – nous parlons ici de ses toiles – mettent en scène des personnages de la vie d’aujourd’hui. Elle aime à les représenter dans des moments de lâcher-prise : une jeune femme sur son balcon ; une autre assise sur la terrasse de son appartement ; des jeunes gens déambulant à la tombée de la nuit dans un décor de Noël ; un homme vu de dos marchant nonchalamment vers la mer ; une jeune mère et son fils se détendant dans un jardin… autant d’instants intimes ou solitaires dérobés à la fuite implacable du temps. Il ressort de ces peintures une impression de sérénité contrastant avec cette avenue saturée de véhicules automobiles. Le fait qu’elle soit vue d’un gratte-ciel en accentue encore la sensation d’encombrement que l’on ressent aux heures de pointe.
L’ambiance nocturne, totalement privée de présence humaine a aussi inspiré l’une des œuvres les plus radicales du peintre. Eclairé par des lampadaires blafards, ce décor foncièrement urbain fait naître une atmosphère d’abandon à la solitude. Un peu en marge de ces thèmes et d’une teneur assez inattendue, une maternité au téléphone mobile, campée dans un environnement qui rappelle un peu le cubisme, introduit une note ironique dans cet univers très urbain.
Les travaux sur papier de Danièle Bernini procèdent d’une tout autre source, magnifiant le pouvoir de l’imagination dans une facture résolument graphique. On y découvre les subtils enchevêtrements de figures ailées. Des oiseaux de toutes espèces – paon, ibis, héron, goéland et autres spécimens – nourrissent de délicates compositions aux couleurs enchanteresses. La vigueur du dessin s’y impose au premier regard. Sans doute est-ce dans ce type de recherche que D. Bernini se révèle la plus créative. On ne peut en effet qu’en louer la fraîcheur et l’élégance informelle.

Luis PORQUET - écrivain, critique d'art

CRITICISM



Born of Italian parents, Danièle Bernini came into the world in Toulon at the time when Europe was in the middle of world conflict. Demonstrating gifts for drawing and painting at an early age, she was encouraged in this field right from primary school, and excelled. Her secondary school years would confirm her artistic talent, which was recognised with numerous awards. When in higher education, which she pursued in Grenoble, she signed up for evening classes at the Fine Arts School. This irresistible attraction to the visual arts was something that would never quite leave her.
The themes that Danièle Bernini treats in her paintings (by which I mean her canvases) introduce scenes of present-day life. She enjoys depicting characters in those moments of letting go: a young woman on her balcony; another sitting on her apartment patio; youngsters wandering through a Christmassy scene at nightfall; the back view of a man casually walking towards the sea; a young mother and her son relaxing in a garden, and other moments of intimacy and solitude stolen from the relentless march of time. These paintings emanate an impression of serenity, which contrast with her depiction of a street full of motorised vehicles. The fact that it is seen from a high-rise building further accentuates the feeling of overcrowding that we experience at rush hour.
The ambiance of night-time, totally void of human presence, was the inspiration for one of the painter’s more radical pieces. In the pale light from lampposts, a fundamentally urban décor creates an atmosphere of lonely abandon. A little on the fringes of these themes, and quite unexpected in terms of subject matter, is a mother-and-child image with a mobile telephone. Set in an environment that is quietly reminiscent of cubism, it introduces a note of irony in the otherwise very urban world.
Danièle Bernini’s artworks on paper stem from a wholly different source, and celebrate the power of the imagination in a resolutely graphic style. Here we discover the subtle interweavings of winged figures. Birds of all species (peacocks, ibises, herons, gulls, and other specimens) fill delicate compositions in magical colours. The vigour of the drawing is immediately noticeable. It is undoubtedly in this line of research that D. Bernini proves the most creative. We cannot help but praise her for its freshness and abstract elegance.

Luis PORQUET - writer, art critic